La casquette

Je continue à me lancer des défis, enfin c’est plutôt mon homme qui m’en a lancé un sans vraiment le vouloir d’ailleurs. Il m’a dit il y a quelques mois, tiens tu pourrais acheter une casquette noire toute simple et me broder un truc dessus, ça pourrait être sympa. Oui oui pourquoi pas… Mais en moi-même je me suis plutôt dit : “Hein ? Comment ça “acheter” ?! Mais tu sais à qui tu t’adresses là ?”. Bref, il n’en fallait pas plus pour que cette idée s’ajoute aux milles autres projets qui fourmillent dans ma tête, jusqu’à se faire une petite place dans mon planning chargé, juste avant l’anniversaire de l’intéressé.

Je savais exactement quoi lui broder sur le devant : le logo du dernier album de son groupe de musique préféré. Pour cela j’ai repris l’image sur le net et je l’ai transformée en broderie avec le logiciel de ma brodeuse. Celui-ci n’est pas super performant pour cette tâche, il a par exemple tendance à faire des “patés” à certains endroits surtout pour des motifs fins comme celui-là, et à faire des points en diagonales plutôt qu’à l’horizontal ou à la verticale. Donc j’ai d’abord fait un essai sur une chute de tissu, puis j’ai modifié un à un les points qui n’allaient pas sur mon logiciel.

J’ai également brodé des petits trous d’aération que j’ai réalisés en écrivant un O avec une police bien ronde sur mon logiciel de broderie. Là encore il a fallu que je rectifie un peu les points pour que le résultat me satisfasse.

Pour le tissu j’ai trouvé du sergé de coton noir juste épais comme il faut chez Mondial Tissus. J’ai acheté un tissu coton noir pour les finitions chez Bord de Laize. La partie avant de la casquette a été entoilée avec un entoilage bien rigide, que j’utilise pour les cols de chemise homme : c’est la toile thermocollante de chez Rascol. Je vous la recommande, elle ne cartonne pas du tout même après lavage. Les autres parties n’ont pas été entoilées.

Je voulais que la visière soit bien rigide et de forme bien arrondie, je savais que la casquette ne serait pas adoptée si ce point là n’était pas respecté. On oublie les entoilages très rigides, il fallait un insert spécial, un truc de pro. J’ai trouvé mon bonheur dans cette boutique Etsy. Et dans celle-là j’ai acheté le bouton qui se place au sommet de la casquette, et le système de fermeture.

 

Voilà pour les fournitures. Concernant le patron, j’ai bien pensé au super modèle d’Ivanne S mais je connais mon homme et je sais qu’il fallait que je fasse exactement la même que celle qu’il porte actuellement et qui lui convient bien. Donc j’ai repris le patron dessus. Une des principales différences est qu’elle n’est pas doublée, les marges de coutures sont recouvertes par des biais.

Comme je voulais piquer les biais depuis l’extérieur de la casquette pour avoir des piqûres les plus régulières possibles et à la même distance des coutures d’assemblage, je les ai d’abord bâtis à la main avec un fil contrastant, ce qui m’a donné un guide sur l’endroit pour pouvoir les coudre correctement. Ça a été assez long à faire mais une étape indispensable pour que ça soit joli sur l’endroit, et sur l’envers.

L’ouverture au dos est fini avec un biais rapporté.

Il a ensuite fallu s’occuper de la visière… Je ne voulais pas que la couture d’assemblage des deux parties qui la recouvrent se voit sur l’épaisseur de celle-ci. J’ai donc coupé une partie du dessus plus grande que celle du dessous. Il a ensuite fallu étirer cette dernière en l’épinglant sur la première. De cette façon la partie du dessus entoure le bord de la visière et la couture d’assemblage se trouve en dessous de la visière. Oh comme c’est beau !

 

Est ensuite venue l’étape délicate d’assembler la calotte et la visière… Gros moment de solitude en réalisant que la visière était trop rigide pour pouvoir coudre les deux parties, dont les courbures sont inversées, à la machine… Et c’est reparti pour des coutures à la main ! J’ai fait un point de sellier pour que ça soit bien solide, donc avec deux aiguilles de part et d’autre et qui se croisent au même endroit en passant d’un côté et de l’autre de la couture. Là encore j’y ai passé un bon moment.

Et ce n’était pas fini ! Re-belote pour coudre le biais de finition au niveau de la visière !

Un petit mot sur le biais de finition qui orne le pourtour inférieur de la casquette. Il est coupé dans le même tissu que les biais, donc du coton noir tout simple. Je l’ai entoilé avec un entoilage plutôt fin et surpiqué après avoir fait un ourlet sur une des longueurs.

Petit moment de doute au moment de surpiquer la visière, n’est-elle pas trop dure pour coudre au travers ? Mais pas de problème, mon aiguille rentre dedans comme dans du beurre. C’est là que je suis contente d’avoir une machine qui tient la route avec les épaisseurs (petite anecdote d’ailleurs, quand la vendeuse m’a fait la démo, elle a piqué 8 épaisseurs de jean avec une aiguille 80 sans effort. J’ai dit j’achète !).

La surpiqûre du pourtour inférieur de la calotte, celle qui maintient le biais sur l’envers, a été plus compliquée à réaliser. Il a fallu que je force pour aplatir la visière pour pouvoir coudre à cet endroit. Elle aurait pu être plus régulière mais je crois qu’il n’y a que moi qui le vois (team perfectionniste bonjour).

Je suis tellement contente d’avoir relevé ce défi ! Et j’ai trouvé ça vraiment passionnant ! Les coutures à la main ça peut paraître pénible mais je trouve qu’elles permettent de prendre le temps de bien faire les choses, de s’appliquer, d’aller au bout du perfectionnisme et ça me plaît, c’est vraiment ça l’artisanat !

L’homme a eu le droit de la mettre pour les photos mais je ne suis pas sûre de l’autoriser à la porter, finalement après toutes ces heures de travail c’est plus un chef d’œuvre qu’un couvre chef non ?

 

Et puis entre nous je l’ai essayée et je trouve qu’elle me va mieux…

 

Je crois que cette fois-ci j’ai bien épaté mon homme, et c’était le but ! M’enfin maintenant il va croire que je suis capable de tout, demain il va me demander de lui faire ses chaussures...